RD CONGO (Afrique centrale) : CODHO France dénonce les assassinats
impunis des défenseurs des droits humains Tsongo Sikuliwako et Michel Kasereka
Tengeneza à Kirumba, et Alphonse Luanda Kalyamba à Beni en province du
Nord-Kivu
-------------------------------------------------------------------- 01. Paris, France, le 13 juillet 2017
– l’association Comité des Observateurs des Droits de l’Homme France (CODHO
France) dénonce fermément les assassinats impunis des défenseurs des droits de
l’homme Tsongo Sikuliwako et Michel Kasereka Tengeneza à Kirumba, Luanda
Kalyamba Alphonse dans la ville de Beni, respectivement le 6 juillet 2017, le
14 décembre 2016 et le 12 juin 2017,
respectivement dans la localité de Kirumba, territoire de Lubero (pour les deux
premiers) et dans la ville de Beni (pour le dernier) en province du Nord-Kivu
au Congo (RDC).
02.
Selon les sources de CODHO France, la victime
Tsongo était membre-fondateur de l’association locale dénommée Cercle
internationale pour la défense des droits de l’homme, la paix et
l’environnement (CIDHOPE). Cet assassinat de Tsongo Sikuliwako est attribué à
certains éléments de l’Auditorat (parquet militaire) de Kirumba qui étaient en
contentieux avec la victime. Quelques jours avant sa mort, la victime a
intervenu en faveur d’un habitant de la localité, victime d’extorsion de quatre
chèvres, de la part les militaires de l’auditorat (parquet militaire).
03.
Les sources locales de CODHO France signalent
que l’auteur présumé est bien identifié par les organisations de la société
civile locale à Kirumba, et il circule sans aucune inquiétude. Contactées, le
responsable de l’Autorat de Kirumba n’a pas voulu répondre aux questions de
CODHO France.
04.
En plus, CODHO France dénonce deux autres
assassinats des défenseurs des droits de l’homme dans la localité et la région.
Il s’agit respectivement de Michel Kasereka Tenganeza à Kirumba et Alphonse
Luanda Kalyamba à Beni.
05.
Le défenseur des droits de l’homme Michel
Kasereka Tengeneza a été aussi assassiné mercredi 14 décembre 2016 dans la même
localité de Kirumba par des présumés militaires de l’armée rérmée régulière. Il
n’y a jamais eu d’enquête malgré les appels pressants des organisations de
défense des droits de l’homme. Âgé de 37 ans, Michel Kasereka Tengeneza a été
tué à son habitation alors qu’il raccompagnait un visiteur à la porte. Deux
hommes militaires sont entrés dans l’habitation et lui ont tiré une balle dans la
tête avant de quitter ce lieu. Il était 19 heures quand le drame s’est produit.
CODHO France
signale que pendant plus de 10 ans Michel Kasereka était président honoraire de
la société civile à Kirumba. Avant sa mort, il travaillait pour le compte du
Conseil régional des ONG de développement (CRONGD). Aucune enquête n’a été
diligentée par les autorités malgré les multiples appels adressés aux autorités
congolaises par les organisations des drots de l’homme.
06.
Et puis, le Défenseur des droits de l’homme Luanda
Kalyamba Alphonse a été assassiné le 12 juin 2017 par des présumés militaires
de l’armée nationale dans la ville de Beni, la même province congolaise du
Nord-Kivu. Alphonse Luanda Kalyamba était depuis 1991 le Directeur Général de
l’association dénommée Centre d’Encadrement d’Enfants Rescapés non Accompagnés
et Orphelins (CERAO) basé à Beni en province du Nord-Kivu au Congo (RDC).
Luanda Alphonse a été assassiné à près de 300 mètres de la prison de Beni. La
victime était interpellé avant d’être placé en détention depuis le 26 février
2017 par l’Auditorat (ou parquet militaire) à Beni, dans le cadre du procès
contre une dame prénommée Sarah poursuivie pour participation présumée aux
actes criminels commis par des présumés rébelles ADF (Forces démocratiques
Alliés) ougandais sur le territoire congolais (RDC). Ces présumés ADF sont
responsables des massacres des civils à Beni et ses environs dans la province
congolaise du Nord-Kivu. Dans le boxe
des accusés dans ce procès figurent plusieurs congolais (RDC), rwandais,
ougandais et d’autres étrangers poursuivis ; civiles et militaires poursuivis,
notamment pour participation présumée aux actes criminels de ces rébelles
ADF.
07.
En Claire, la dame Sarah, ancienne bénévole de
CERAO (dont le contrat avait pris fin en 2011) qui a été interpellée par les
forces de sécurité du Congo (RDC) dans une partie du territoire sous contrôle
des présumes rébelles ADF a été interpélée et placée en détention à Beni par le
parquet militaire (l’Auditorat) à Beni. L’instruction judiciaire était encours
alors que dans la nuit de samedi à dimanche 11 juin 2017 la prison de Beni a
été attaquée par des rebelles ADF présumés avant de libérer près 900 détenus
dont Luanda Kalyamba Alphonse, y compris les présumés rébelles ADF en détention.
08.
Dans la soirée de Lundi 12 juin, Luanda Kalyamba
a décidé de se rendre auprès des autorités judiciaires de Beni, car, estimant
qu’il ne se reprochait de rien par rapport au procès. Pour ce faire, Luanda est
entré en contact téléphonique avec un agent de l’Auditorat qui l’a
malheureusement encouragé à aller directement à la prison, alors que la zone
était déjà quadriée par une opération militaire chargée de recupérer les
détenues en caval. Sur le chemin vers la prison, Luanda Kalyamba a rencontré
des militaries de l’armée régulières qui l’ont interpellé, puis l’ont étranglé
avant d’abandonner son corps sans vie sur place. Malgré les appels des
Organisations des droits de l’homme aucune enquête n’a été organisée par les
autorités judiciaires pour élucider cet assassinat.
09.
Contacté, le président de CODHO France a déclaré ce qui
suit : « Nous sommes très attristés par
la fréquence inquiétante des assassinats des défenseurs des droits de l’homme
au Congo (RDC) et leur impunité. Le Congo est partie à plusieurs instruments
juridiques régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme mais il
est dévéloppé pratiquement une politique quasi officielle d’impunité d’actes de
persécution des défenseurs des droits de l’homme et des oppossants poliques,
notamment des assassinats ou exécutions sommaires et extrajudiciaires, des
actes de torture et des condamnations politiques, des disparitions forcées,
d’exils forcés, etc. Les autorités actuelles du Congo et les auteurs présumés
de ces actes doivent savoir que ces crimes ne resteront pas indéfiniments
impunis : si pas au Congo, il sera possible devant des juridictions spéciales
dans des pays étrangers, au niveau régional et international.»
10.
Au regard de tout ce qui précède, et vu la
gravité des faits, CODHO France demande
instamment au Président de la République Joseph Kabila et à toutes les autres
autorités congolaises compétentes de :
a)
Garantir en toutes circonstances la sécurité,
l’intégrité physique et psychologique de
tous les défenseurs des droits humains à Kirumba, dans la région de
Beni, dans la province du Nord-Kivu, ainsi que de l’ensemble des défenseurs des
droits de l’Homme au Congo (RDC) ;
b)
Mettre un terme les assassinats à toute forme de
harcèlement, et la détention arbitraire à l’encontre des défenseurs des droits
humains à Kirumba et dans la région de Beni, ainsi que les assassinats, les
harcèlements à l’encontre de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au
Congo (RDC), afin qu’ils puissent exercer leurs activités de défense des droits de l’Homme en toute
liberté et sans entrave ;
c)
Mener sans délai des enquêtes exhaustives,
indépendantes, effectives, rigoureuses, impartiales et transparentes quant aux
assassinats des défenseurs des droits humains Tsongo Sikuliwako et Michel
Kasereka Tengeneza à Kirumba et Luanda Kalyamba à Beni, afin d’identifier les
responsables présumés, de les traduire devant un tribunal indépendant
respectif, compétent et impartial, conformément aux instruments internationaux
et réligieux de protection des droits de l’Homme, et d’appliquer les sanctions
pénales, civiles et/ou administratives prévue par la loi ;
d)
Se conformer aux dispositions de la Déclaration
sur les défenseurs des droits de l’Homme et instruments régionaux et
internationaux relatifs aux droits de l’Homme librement ratifiés par le Congo
(RDC).
Fait à Paris, le 13/07/2017.
Pour tout contact en
français :
Bureau
CODHO France /M. Anelia Kanisa A.
Email :
codho.france@gmail.com
Tél. :
+33 7 54 15 39 55